Cité-jardins de Bellejouanne

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

La construction de la cité-jardins de Bellejouanne, entre 1929 et 1931, a lieu dans le sillage d'une part de la loi Cornudet de 1919 sur la création de plans d'aménagement, d'embellissement et d'extension, et d'autre part de la loi Loucheur de 1928 qui prévoit l'intervention financière et administrative de l'Etat pour favoriser le développement de l'habitat populaire dans les faubourgs des villes. Des taux d'emprunt réduits sont proposés aux particuliers pour acheter des terrains et construire des maisons. Les offices d'habitat bon marché (HBM) multiplient les projets. A Poitiers, un plan d'aménagement est élaboré dès 1924 dans le cadre de la loi Cornudet. L'arrivée de populations rurales et la vétusté de l'habitat dans le centre historique, entraînent la construction de lotissements aux Dunes, à Montmidi et, donc, à Bellejouanne. Ici, un premier projet est élaboré en 1926 mais il met plusieurs années à voir le jour. L´office d´HBM de la Vienne confie la conception de l´opération aux architectes poitevins Lucien et Maurice Martineau. Ces derniers rattachent leur projet au concept des cités-jardins développé dans les pays anglo-saxons depuis le début du 20e siècle. Le principe en est la constuction de maisons standardisées, regroupées autour de cours ou de placettes et d'espaces verts, à une époque où la réflexion urbaniste porte sur les questions hygiénistes et de réforme sociale par l'habitat : une maison individuelle avec jardin doit en effet apporter le bien-être aux populations ouvrières. Comme à la cité Audidier-Montmidi de Poitiers, les frères Martineau imaginent des logements regroupés par deux ou quatre, de manière à ne pas créer un habitat trop dense. Plusieurs types de bâtiments sont élaborés pour éviter la monotonie (types A, B, B´ et C), tout comme l'emploi de couleur pour l'enduit des façades (couleur aujourd'hui disparue presque partout) ou la création de rues sinueuses et relativement courtes. Une large place est faite aux espaces verts via les jardins qui entourent les maisons. Dans ce type de projet, des équipements publics accompagnent généralement la cité : les plans de la cité de Bellejouanne élaborés en 1928 prévoient les emplacements d'une école, d'une garderie et de bains-douches, qui ne seront finalement pas réalisés. Des maisons devaient aussi être construites sur l´actuel terrain de boules, finalement conservé en « terrain de jeux ». Un pont en béton armé est envisagé pour franchir la vallée où coule le ruisseau de Fleury. L´office HBM de la Vienne lance l´appel d´offres le 9 janvier 1929 et les travaux commencent au printemps suivant. Ils mobilisent entre autres plusieurs entreprises de Poitiers-Sud : l´entreprise Garnier, les sociétés coopératives ouvrières « le Progrès » (menuisiers et charpentiers), « la Fraternelle » (tailleurs de pierre et maçons) et « le Travail » (peintres). Les premières maisons, quadruplées, sortent de terre au nord, de part et d´autre de la rue de Bellejouanne. En juillet, les rez-de-chaussée sont déjà édifiés, il reste encore à tracer les rues. La première tranche est livrée le 20 octobre. Les travaux de la seconde tranche, approuvés par le conseil municipal du 23 mars 1930, sont peu à peu réceptionnés à l´automne 1931. Un décompte des ouvrages exécutés et des dépenses est dressé le 15 février 1932, tandis que la troisième et dernière tranche est livrée en juillet 1932. Deux immeubles-barres sont venus s'ajouter au nord de cet ensemble en 1963 et 1964.

Périodes

Principale : 2e quart 20e siècle

Dates

1929, daté par travaux historiques

1932, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

La cité-jardins a pris place dans un triangle de plus de quatre hectares, délimité par le boulevard Georges-Clemenceau et qui domine la vallée de la Boivre. L'espace à l'intérieur de ce triangle est découpé par quatre petites rues et par un axe plus important, l'avenue Guillaume-Poulle qui relie la cité à l'avenue de la Libération et à Poitiers. La cité comprend au total environ 140 maisons. Chacune dispose d'un jardin fermé par une clôture basse. Toutes les maisons sont couvertes en ardoise. Quatre types de maisons se différencient parmi cet ensemble : - Le premier comprend 48 maisons accolées par quatre (type A du projet Martineau). Elles sont situées dans la partie nord de la cité, de part et d'autre de la rue de Bellejouanne. Les quatre maisons sont à chaque fois réunies sous un même toit à croupes. Une remise est accolée sur le côté. Chaque maison comprend un étage. Sa façade présente trois travées d'ouvertures dont la porte centrale. Les appuis des fenêtres de l'étage sont débordants. Un bandeau entoure le bâtiment au niveau de ces mêmes fenêtres. - Le second type comprend 40 maisons accolées par deux. Elles se trouvent dans la partie sud de la cité, avenue Guillaume-Poulle, rue de la Clie, rue Henri-Carré et 4 à 20 boulevard Georges-Clemenceau. Chaque paire de maisons est couverte d'un toit à longs pans. L'accès à la maison se fait sur le côté par une porte qui donne dans une remise accolée à la maison. Une autre partie en rez-de-chaussée est adossée à l'arrière de la maison. La façade principale présente deux travées d'ouvertures plus une petite baie décentrée à l'étage. Un bandeau court tout autour du bâtiment au niveau des fenêtres de l'étage. - Le troisième type est constitué de 14 maisons également accolées par deux mais en rez-de-chaussée simple. Elles se trouvent dans l'îlot formé par la rue de la Clie et l'avenue Guillaume-Poulle, et aussi aux 40 boulevard Georges-Clemenceau et 18 rue de Bellejouanne. Chaque maison comprend un corps principal avec toit à longs pans, parfois percé d'une lucarne, et un corps secondaire, sur le côté, plus bas, avec un toit à croupe. - Le quatrième type regroupe 12 maisons. Il est situé le plus à l'ouest, entre l'avenue Guillaume-Poulle et le boulevard Georges-Clemenceau. A l'origine, les maisons y sont plus grandes, plus confortables et plus coquettes que dans les trois autres groupes. Par leur aspect et leur plan, elles se rapportent à l'architecture dite de villégiature. Chaque maison se compose d'un étage de soubassement, d'un rez-de-chaussée surélevé et d'un étage. La dénivellation du terrain est utilisée de manière différente selon la situation des maisons : celles situées sur le boulevard Georges-Clemenceau possèdent un accès au garage de plein-pied et une entrée principale surélevée, accessible par un escalier ; à l'inverse, les maisons situées sur l'avenue Guillaume-Poulle possèdent une entrée principale de plein-pied et un garage à l'arrière du bâtiment, en soubassement. Chaque maison adopte un plan en L, malgré l'adjonction ultérieure de vérandas ou de garages. La partie du L perpendiculaire à la voie présente son mur pignon sur la rue avec une travée d'ouvertures, sous un toit débordant que supportent des consoles en bois. L'angle rentrant formé par les deux ailes est occupé par la porte que protège un auvent couvert de tuiles. La porte forme une seconde travée avec une fenêtre. La façade est ornée de deux bandeaux de niveau. De faux pans de bois ornent le mur pignon qui donne sur la rue et donnent à l'ensemble l'aspect d'une maison de bord de mer. Les ouvertures présentent des encadrements et des appuis saillants.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , boulevard Georges-Clemenceau

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Bellejouanne

Cadastre: 2004 EZ

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